L’entretien entre Dominique Ghesquière et Frédéric Oyharçabal résonne avec une étonnante justesse dans les oeuvres reproduites pour cette monographie éditée par le FRAC Bourgogne. Comme en retrait et bien que faite de détours, la parole répond exactement à la perception insolite du travail. Précise et flottante, l’artiste dévoile une pensée qui ne cherche pas à prouver la justesse de ses actes plastiques, mais à se tenir aux aguets de la vie comme on se tient à l’écoute de son interlocuteur ou au fil de l’eau pour en relever une onde singulière : « J’ai conscience d’une vraie lenteur à la fois dans ma vie et dans mon travail. Je ressens le temps d’élaboration puisque je fabrique des objets et je ne les comprends que longtemps après ». L’un des deux auteurs, Philippe Pirotte ne s’y trompe pas en parlant d’opacité à propos de ces « choses » (canapé, lustre, pneu…) qui perdent leur signification, ou d’un certain mutisme comme « l’écho d’un no man’s land ou même d’un désert discursif. » Les références citées dans l’entretien de Dominique Ghesquière sont pourtant nombreuses (littéraire, picturale, historique) mais elle montre une attention particulière à les déployer hors d’elles-mêmes. Marie de Brugerolle commettra d’autres références, afin de démontrer que le trouble et la fragilité de l’oeuvre sont stratèges du visible et suspension du réel.